Par définition, les tortues sont des vertébrés ectothermes, c’est-à-dire qui ne produisent pas ou peu de chaleur. Sur les 332 espèces de tortues inventoriées dans le monde, seules 7 espèces sont marines réparties principalement au niveau de la ceinture intertropicale. Parmi ces 7 espèces de tortues marines, 5 espèces sont observées dans la zone du sud-ouest de l’océan Indien.
Caractéristiques et répartition des tortues marines
Les tortues marines s’accouplent dans l’eau pour pondre quelques semaines plus tard sur les plages après avoir creusé un nid à un emplacement favorable. L’incubation a une durée de 1 mois et demi à 3 mois, et c’est la température à l’intérieur du nid qui déterminera le sexe des futures tortues : un nid plus chaud donnera naissance à des femelles, tandis qu’un nid plus froid favorisera le développement de mâles.
Dès leur émergence, les tortues marines vont migrer de leur lieu de naissance vers des zones d’alimentation pendant plusieurs années. Une fois adulte, la tortue migre chaque année de son lieu d’alimentation à son lieu de reproduction, pour revenir pondre en général sur une même plage.
Cinq espèces de tortues marines sont observées dans le sud-ouest de l’océan indien :
- La tortue verte (Chelonia mydas) est la plus observée, visible proche des côtes où elle se nourrit principalement au niveau des herbiers marins, mais également d'algues notamment à La Réunion.
- La tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) dépend davantage des récifs coralliens où elle se nourrit de coraux, d’éponges, de crustacés…
- La tortue caouane (Caretta caretta) préfère les baies ou les estuaires, se nourrissant principalement d’invertébrés vivants au fond de l’eau.
- La tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), comme la caouane sera observée dans des fonds sableux, pour se nourrir de crustacés, mollusques, poissons…
- La tortue luth (Dermochelys coriacea), est une espèce plus océanique. Elle se nourrit principalement de méduses.
Parmi les cinq espèces de tortues présentes dans cette zone, deux se reproduisent sur les territoires français : la tortue verte et la tortue imbriquée. Les trois autres espèces préfèrent la cote Est africaine.
Menaces sur les tortues marines et conservation
Les pratiques de pêche traditionnelle sur les tortues marines (pour leur viande, leur graisse, leur carapace), ont longtemps existé dans le monde, ce qui semble avoir eu un impact sur leurs populations. Actuellement, les tortues sont protégées, et la pêche ou la récolte d’œufs sont strictement prohibés.
De nos jours, une grande menace sur les tortues marines est la prise accidentelle lors de la pêche industrielle ou artisanale. Au même titre que les mammifères marins, les tortues peuvent se retrouver piégées dans des filets (senne, chalut pélagique, filets ancré ou dérivant), ou rester coincées après avoir attrapé un appât sur un hameçon (pêche à la palangre).
L’ingestion de plastique est également une menace majeure. De nombreuses études montrent une grande quantité de plastique ingérée par les tortues marines après analyse de leurs contenus stomacaux.
La perte d’habitat (lieux de pontes) liée à l’urbanisation ainsi que la pollution lumineuse perturbent le cycle de reproduction des tortues marines.
La prédation sur les juvéniles par des espèces invasives tels que les rats, les chats est toujours présente sur les îles.
Le braconnage est toujours présent à certains endroits, c'est le cas par exemple à Mayotte où cela reste la principale menace pour les tortues marines.
Les changements globaux provoquent également une perte d’habitat causé par la montée des eaux et donc l’érosion des plages. L’augmentation de la température déséquilibre le sexratio, avec une diminution du nombre de mâle lors des émergences.
La tortue luth et la tortue imbriquée sont classées en « danger critique d’extinction » sur la liste rouge de l’IUCN. La tortue verte et la tortue caouanne sont classées en « danger » sur cette même liste.
Suite à ces constats alarmant sur le déclin des populations de tortues marines, des moyens de protection ont largement été déployés dans la zone du sud-ouest de l’océan Indien. La protection de plusieurs sites de ponte à La Réunion, Mayotte et sur les îles Eparses permet maintenant d’observer le retour régulier de plusieurs tortues vertes et imbriquées. Le suivi des tortues marines à l’aide de balises GPS a aussi été mis en place depuis plusieurs années, afin de mieux comprendre leurs déplacements, leur écologie et donc de mieux les protéger.
Accès aux données
- Les données de tortues marines dans le catalogue du SIMM-OIA : accès au Catalogue
- Bilan cartographique des connaissances mondiales (données SWOT, State of the World's Sea Turtles) : accès à la Carte
- Cartographie régionale des migrations des tortues marines (tortue verte et tortue caouanne) (données TORSOOI/Ifremer/Kélonia) : accès à la Carte
- Cartographie de la distribution spatiale des tortues marines dans l'océan Indien (données Mégafaune, UMR Entropie) : accès à la Carte
- Cartographie des observations des tortues marines (tortue verte et tortue imbriquée) à La Réunion, depuis 2017 (données CEDTM) : accès à la Carte