Les oiseaux marins

Publié le 17 octobre 2019 — Modifié le 23 mars 2022

Les oiseaux marins, par définition, représentent les oiseaux dont l’intégralité du cycle vital est dépendant des ressources alimentaires provenant du milieu marin ou côtier. Il existe plus de 300 espèces dans le monde, et ils sont considérés comme de bons indicateurs de la qualité de leur environnement. De ce fait, de nombreuses études existent sur les oiseaux marins dans la zone du sud-ouest de l’Océan indien, allant jusqu’en Antarctique.

Caractéristiques des oiseaux marins

La principale caractéristique des oiseaux marins est leur dépendance au milieu côtier et marin. Ils nichent principalement en colonie à terre dans des milieux isolés tels que des falaises, des plages, ou des milieux découverts (Figure 1). Ils s’alimentent uniquement en mer, pouvant parcourir jusqu’à plusieurs milliers de km selon les espèces. Leur régime alimentaire est principalement composé de poissons et de crustacés qu’ils pêchent soit par plongeon, soit depuis la surface sans inertie (Figure 1). Les oiseaux marins ont une stratégie démographique « K » : ils vivent longtemps et ont une reproduction tardive avec une faible fécondité (un poussin tous les trois ans pour certaines espèces). Les oiseaux marins apportent des soins parentaux à leur poussin, le mâle et la femelle alternent alors la « garde » pour aller chercher de la nourriture en mer. Une fois autonome, le juvénile deviendra un grand migrateur jusqu’à l’âge adulte, pour revenir à sa colonie d’origine afin de se reproduire. Ce comportement de fidélité au site de reproduction est appelé la philopatrie.

Répartition des oiseaux marins dans les océans indien et austral

  • Zone tropicale

La zone tropicale est délimitée par le sud-ouest de l’Océan indien, comprenant La Réunion, Mayotte et les îles Eparses. Un grand nombre d’oiseaux marins y est inventorié, notamment dans les îles Eparses qui sont dépourvues de pression anthropique directe (Figure 2). Les îles océaniques étant isolées, elles peuvent accueillir des espèces endémiques (c’est-à-dire observées uniquement sur un territoire). C’est par exemple le cas du Pétrel noir de Bourbon à La Réunion ou de la sous-espèce de Phaéton à bec jaune à Europa.

  • Zone sub-antarctique

La zone sub-antarctique représente les Terres Australes, avec les îles Crozet, les îles Kerguelen et les îles de Saint-Paul et d’Amsterdam. Ces îles très isolées accueillent plus de 50 millions d’oiseaux, la plus grande communauté d’oiseaux marins au monde, composée principalement d’albatros, de pétrels ou de manchots (Figure 3). L’endémisme est aussi existant, avec par exemple l’albatros d’Amsterdam présent uniquement sur l’île du même nom ou le Prion de Macgillivray sur l’île de Saint-Paul.

  • Zone antarctique

 La zone antarctique représente la Terre Adélie avec un climat polaire. Au total, 9 espèces d’oiseaux marins y ont été inventoriées (Figure 4). De nombreuses études peuvent être effectuées sur ce milieu grâce à la base scientifique française Dumont d’Urville, accueillant chaque année des spécialistes de différents domaines.

Menaces sur les oiseaux marins et conservation

Qu’ils vivent en zone tropicale ou polaire, les oiseaux marins font face à différentes menaces, généralement liées à l’activité humaine. Du fait de leur dépendance au milieu terrestre pour leur phase de reproduction, et au milieu marin pour leur phase d’alimentation et de migration, ils subissent des pressions relatives à ces deux milieux.

  • Menaces en milieu terrestre

Les îles océaniques étant à l'origine dépourvues de mammifères prédateurs, les oiseaux marins n’ont pas développé de comportement anti-prédateur. Avec l’arrivée de l’homme sur les îles, l’introduction d’espèces invasives comme les rats et les chats est une menace importante provoquant un taux de mortalité élevé dû à la prédation notamment chez les poussins. La perte d’habitat est aussi une menace pour les oiseaux marins, causé par l’urbanisation. La pollution lumineuse provoque l’échouage de nombreux oiseaux, notamment des juvéniles lors de leur premier vol, qui ne se repèrent plus correctement et rentrent en collision avec des infrastructures. L'émergence de maladies chez les oiseaux marins augmente le taux de mortalité dans les populations. 

  • Menaces en milieu marin

La principale menace en mer pour les oiseaux marins est la mortalité causée par les engins de pêche. La collision avec les bateaux, ou bien la chasse sur un poisson déjà capturé par un hameçon sont très fréquents. En 2011, une étude indiquait que 16 0000 à 32 0000 oiseaux sont tués uniquement par la pêche à la palangre chaque année (Anderson et al. 2011). Les puffins, les pétrels et les albatros sont principalement concernés par ces menaces. La compétition pour les ressources alimentaires avec la pêche industrielle provoque une baisse du succès reproducteur dû à la diminution des ressources. La pollution marine est un facteur important, avec l’ingestion de plastique ou la pollution liée aux hydrocarbures.

Un grand nombre d’oiseaux marins de la zone du sud-ouest de l'océan Indien ainsi qu’en terres australes et antarctique sont sur la liste rouge nationale des espèces « en danger » de l’UICN (Phaéton à bec jaune à Europa, Phaéton à brins rouges, Sterne caspienne, Petit puffin sur l’île de Saint Paul, Albatros à bec jaune, Albatros hurleur…). Certaines espèces ont même atteint le statut de « danger critique », comme le Pétrel noir de Bourbon, l’Albatros d’Amsterdam, le Fou austral, le Pétrel géant…

 

De nombreuses études sont réalisées sur les oiseaux marins afin de mieux comprendre leur écologie et leur comportement pour mieux les protéger. Ils sont de bons indicateurs de la qualité du milieu, et témoignent des changements globaux qui ont un impact sur leurs populations.

Les iles Eparses, les Terres australes françaises et la Terre Adélie représentent des sites d’études exceptionnels, qualifiés de vrais laboratoires du vivant pour étudier l’impact des changements globaux sur la biodiversité.

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