Les espèces sont mobiles par essence et cherchent à occuper de nouveaux territoires. A ce mouvement naturel se sont joints de nouveaux flux artificiels créés par les activités humaines, qui augmentent et conduisent à des arrivées massives d’espèces sur des territoires où elles n’étaient pas présentes : on parle d’espèces non-indigènes ou exotiques. Toutes les espèces exotiques ne deviendront pas envahissantes (un rapport moyen d’1 pour 1000 est observé pour les végétaux) mais les modifications climatiques et l’appauvrissement des milieux naturels favorisent le phénomène. Les conséquences de la présence invasive de certaines espèces exotiques sont multiples et s’additionnent les unes aux autres :
- conséquences environnementales (appauvrissement de la biodiversité locale par concurrence au niveau des ressources, prédation directe, hybridation, particulièrement dans les îles disposant d’une biodiversité spécifique, etc.),
- conséquences économiques (impacts sur les activités agricoles, piscicoles, touristiques, etc.),
- conséquences sanitaires (sur les cultures, les animaux domestiques, la santé humaine).
La stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes
La Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes (EEE) a été publiée en mars 2017. Son élaboration s’inscrit entre autres dans le cadre de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB, 2011-2020) et fait suite aux premières Assises Nationales sur les Espèces Exotiques Envahissantes, organisées en 2014 par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et ses partenaires.
Coordonnée par le ministère de la Transition écologique et solidaire, la Stratégie nationale relative aux EEE s’appuie sur un comité de pilotage réunissant différents organismes :
- les principaux opérateurs du ministère (ONCFS, AFB, MNHN, ONF, CEREMA),
- les gestionnaires d’espaces protégés (parcs naturels régionaux, Fédération des Conservatoires d’Espaces Naturels),
- des ONG (dont l’UICN France),
- et les administrations concernées par les conséquences économiques et/ou sanitaires (ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, ministère des Solidarités et de la Santé, Fédération nationale de lutte contre les organismes nuisibles).
Au-delà du pilotage et du suivi de la stratégie, ce comité permet de fédérer l’ensemble des acteurs traitant de la problématique des espèces exotiques envahissantes, au regard du triple impact environnemental, économique et sanitaire de leur présence. Il permet également de coordonner les actions des trois ministères en présence, qui disposent chacun de leur propre politique relative aux EEE.
La Stratégie nationale relative aux EEE est organisée en cinq axes thématiques, qui répondent à douze objectifs :
- la prévention de l’introduction et de la propagation,
- l’établissement d’un système national de surveillance et la restauration des écosystèmes,
- le développement et la mutualisation des connaissances,
- la formation et la sensibilisation de toutes les parties prenantes,
- la gouvernance et la réglementation.
La mise en œuvre des actions sur le terrain
La Stratégie nationale identifie 38 actions à mener. Si elle n’a en elle-même aucune portée juridique et n’impose rien, il convient toutefois pour la mettre en œuvre d’établir un plan d’actions opérationnel doté de moyens humains et financiers adéquats. Les premières actions en cours concernent par exemple :
- l’élaboration de listes d’espèces exotiques présentes sur le territoire national,
- l’organisation d’un réseau de surveillance et d’un système d’information,
- l’évaluation des voies et vecteurs d’introduction,
- l’élaboration de premiers plans nationaux de lutte, etc.
Prévenir, surveiller (en amont au niveau des points d’introduction et en aval sur les territoires et chez les détenteurs de spécimens vivants) et intervenir sont les trois maîtres mots de la gestion des EEE.
La Stratégie nationale a vocation à être déclinée régionalement, afin de structurer les initiatives et opérations menées et d’éviter de multiplier les actions sans lien les unes avec les autres. Au regard des moyens humains et financiers disponibles, face à l’augmentation du nombre d’espèces exotiques envahissantes présentes et l’extension territoriale de ces dernières, il est indispensable de structurer et de prioriser les actions. Tant en fonction des espèces présentes (densité de population, capacité de propagation, impacts, etc.) que des espaces colonisés ou pouvant l’être (espaces « banaux », à haute valeur patrimoniale, pouvant faciliter la dissémination des espèces, etc.).